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LES RAVAGEURS

cause de leur nombre infini, les insectes presque toujours auraient le dessus, je n’en fais aucun doute. Heureusement d’autres combattent pour nous, en particulier des vaillants destructeurs de chenilles.

Jules. — Les oiseaux ?

Paul. — Et d’autres encore, que vous ne connaissez pas, dont vous n’avez jamais entendu parler, malgré les immenses services qu’ils nous rendent. Ce sont des insectes de l’ordre des Hyménoptères.

Jules. — Hyménoptères ? Ce mot-là, je l’entends pour la première fois.

Paul. — Aussi je m’empresse de vous expliquer ce qu’il désigne. Vous connaissez l’abeille, la guêpe, le bourdon. Comme les papillons, ils ont quatre ailes propres au vol, mais non revêtues d’une poussière écailleuse. Ils ont au bout du ventre un aiguillon très fin qui sort de son étui quand l’insecte irrité cherche à se défendre en piquant les doigts qui l’ont saisi. Dans d’autres espèces, cet aiguillon est remplacé tantôt par une espèce de scie, de coutelas, tantôt par un fil plus ou moins long et menu, caché dans un pli du ventre ou bien toujours saillant. Eh bien, les insectes qui sont armés au bout du ventre d’un aiguillon, d’une scie, d’un fil, et qui possèdent quatre ailes membraneuses, également fines et transparentes comme le sont les ailes de l’abeille, de la guêpe et du bourdon, se nomment des hyménoptères. Ils forment un ordre de même que les papillons forment l’ordre des lépidoptères, et les insectes à élytres l’ordre des coléoptères.

Jules. — La sauterelle a bien au bout du ventre