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LE CEUTORHYNQUE

réséda, la capucine et le chou quelque ressemblance, quelque trait de parenté végétale.

Jules. — Ces trois plantes sont entièrement dissemblables ; la fleur n’a pas même forme, ni la feuille, ni le fruit.

Paul. — Eh bien ! mon cher enfant qui vous piquez de vous entendre en fleurs, une misérable chenille verte, très fréquente dans les jardins, en sait plus long que vous ; elle en remontrerait à pas mal de personnes dont certes vous ne possédez pas le savoir. Elle mange indifféremment diverses crucifères, choux, raves et navets, mais elle mange aussi la capucine et le réséda. Pourquoi ? Il faudrait le demander aux savants qui étudient les plantes à fond et veulent savoir sur leur compte le fin et le superfin. Ils vous diraient que, par les détails de leur structure la plus intime, détails minutieux échappant à nos regards peu exercés, la capucine et le réséda se rapprochent beaucoup des crucifères sans en avoir l’aspect extérieur. C’est à rester confondu, mon pauvre Jules ! Une chenille de rien, depuis que le monde est monde, s’attable au réséda comme au navet, au chou comme à la capucine, et connaît des parentés végétales soupçonnées par la science seulement de nos jours.

Jules. — Pourrais-je voir cette chenille, si versée dans la connaissance des plantes ?

Paul. — Je vais vous satisfaire à l’instant.