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LE CEUTORHYNQUE

Jules. — Ce charançon varie bien sa nourriture. J’avais cru jusqu’ici que chaque espèce d’insecte se nourrissait toujours de la même plante.

Paul. — Vous aviez, mon ami, parfaitement raison. Dans la plupart des cas, les insectes ont des goûts très exclusifs ; chacun ronge une espèce de plante et dédaigne les autres. Quelquefois cependant ils varient leur régime, et comme ce sont de fins connaisseurs, très entendus sur les saveurs végétales, en changeant de nourriture ils choisissent des plantes dont les qualités alimentaires, la sapidité, l’odeur soient à très peu près pareilles. Nous-mêmes, ne trouvons-nous pas dans la rave et le navet quelque chose de l’odeur et de la saveur du chou ?

Louis. — C’est vrai.

Paul. — Nous trouvons des qualités semblables, tantôt plus, tantôt moins prononcées, dans une foule d’autres plantes que les botanistes classent en un groupe nommé la famille des crucifères ; le cresson, par exemple, le radis, le colza.

Émile. — Botanistes, crucifères ! Je ne comprends pas bien.

Paul. — Je crois même que vous ne comprenez pas du tout, mon petit ami. On appelle botanistes les savants qui s’occupent de l’étude des plantes, qui nous disent leurs noms, leurs propriétés, leurs différences, leurs ressemblances, en quel temps elles fleurissent, en quels pays elles viennent, et autres choses de ce genre.

Émile. — Et crucifères ?

Paul. — Ce mot signifie porte-croix. On appelle crucifères l’ensemble des végétaux dont les fleurs