XXXII
BALANINS ET ANTHONOMES
Ah ! je t’y prends, coquin, à manger mes noisettes, disait un jour Louis en apercevant un charançon qui, de son long bec, perçait un fruit encore tendre ; je t’y prends ! Je saurai ton histoire d’abord, nous compterons après. — Le charançon fut mis dans un cornet de papier avec quelques noisettes piquées, et, au premier moment de liberté, Louis accourut chez l’oncle Paul, la joue rouge d’émotion. C’est qu’il aime les noisettes, le petit Louis, et mettre la main sur l’insecte qui les gâte, était pour lui très sérieuse affaire. Le soir, à la veillée, Paul avait autour de lui son auditoire ordinaire, pour écouter l’histoire du charançon des noisettes.
Paul. — Voici la capture de Louis. Regardez un peu ce bec.
Émile. — Quel nez ! Oh ! quel nez ! C’est menu comme un cheveu, et puis long, long et recourbé.
Louis. — Ne semble-t-il pas fumer dans une longue pipe, comme je le disais un jour ?
Émile. — Voyez donc, mon oncle, comme les yeux sont rapprochés l’un de l’autre. Ils se touchent presque et l’insecte a l’air de loucher. Est-il