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XXIX

LE RHYNCHITE[1] ET L’EUMOLPE DE LA VIGNE

Un matin, Jules allait au moulin avertir que le blé de l’oncle était prêt pour la mouture. En sortant du village, le chemin côtoyait quelques arpents de vignes assez mal tenus ; les mauvaises herbes, les chardons y venaient en liberté. Les ceps cependant réjouissaient le regard par la fraîcheur printanière des pousses tendres et vertes, avec leurs grappes de fleurs encore en boutons et leurs vrilles pleines d’un suc aigrelet. Des feuilles fanées et chiffonnées, d’autres sèches et recroquevillées, gâtaient bien un peu les pampres, mais elles étaient en petite quantité, et Jules d’abord n’y fit pas attention. Puis, dans la dernière moitié de la vigne, elles devinrent si nombreuses, que les pousses semblaient avoir été rôties par le passage de la flamme. — Quelque ravageur est au travail ici, se dit l’enfant, dont le coup d’œil se formait chaque jour à l’observation ; examinons cela de près. — Les pampres faisaient pitié à voir : à mesure que la sommité de la pousse, enveloppée de duvet, s’allongeait et s’exténuait à produire de nouvelles

  1. Prononcez Renkite.