Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
LE HANNETON

Paul. — Je vois ce que vous désirez : vous ne comprenez pas trop la valeur de ce nombre. Eh bien, sachez que pour compter un à un ces 300 millions de hannetons, un homme mettrait plus de vingt ans en employant à ce travail 10 heures chaque jour.

Émile. — Oh ! que de hannetons ! Et moi qui priais tant Jules de me donner les six qu’il a pris hier. Si je m’étais trouvé là, j’avais de quoi choisir.

Paul. — Dans le département de la Seine-Inférieure, on a pu constater en moyenne la présence de 23 mans par mètre carré, ce qui fait 230,000 dévorants par hectare, contenant 100,000 pieds de betterave. À ce compte, chaque racine était rongée par deux vers au moins. En admettant 80,000 pieds de colza par hectare, à chaque pied trois vers étaient attablés. Il est bien entendu que, dans ces conditions désespérantes, le colza ne fait plus de l’huile et la betterave du sucre. Tout périt avant l’heure. Dans la seule année de 1866, la Seine-Inférieure perdit de la sorte pour 25 millions.