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XXIV

LE BOMBYX DISPARATE

Paul. — La chenille du bombyx livrée n’est pas la seule à dépouiller de leurs feuilles les arbres fruitiers ; il y en a d’autres, et de plus redoutables encore. L’une d’elles m’a dans le temps donné bien des soucis. Malgré mes soins et ceux de Jacques, le verger fut brouté jusqu’à la dernière feuille et mis nu comme en plein hiver. Mais aussi, qui peut résister à ces dévorants quand ils s’attablent à nos arbres par milliers et milliers ? Plus de cerises alors, mon pauvre Jules, plus de poires fondantes, le régal du goûter.

Jules. — Quel dommage si ces bandits revenaient !

Paul. — Ils ne reviendront pas, je l’espère ; je les ai traités de manière à leur en ôter l’envie. Apprenons toutefois à les connaître, pour que chacun leur fasse la réception que je leur fis.

Vous voyez ces deux papillons, l’un plus grand, et l’autre plus petit, de couleurs et de dessins différents. Ils ne se ressemblent pas du tout, et cependant c’est la même espèce. Le plus petit est le mâle, le plus gros est la femelle. Pour rappeler cette dissemblance des deux sexes, on donne à ce papillon le nom de bombyx disparate.