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XXIII

LE BOMBYX LIVRÉE

Depuis que l’oncle leur avait raconté l’histoire des processionnaires, Émile et Jules s’arrêtaient devant toute chenille velue, espérant voir d’autres chenilles sortir de quelque cachette et prendre rang à la suite de la première. Malgré les avis de l’oncle, peut-être même se seraient-ils aventurés à visiter le nid de la processionnaire du chêne, s’ils l’avaient rencontré. Voir défiler le bataillon quand il va pâturer, trouver le calosome se ruant sur la procession, cela ne valait-il pas la peine de s’exposer à se gratter un peu ? Ils cherchèrent inutilement : Paul ne laissait pas de pareils nids s’établir dans son voisinage. Louis ne fut pas plus heureux, seulement un jour il revint des champs avec un rameau de poirier couvert de chenilles, dont l’oncle le soir même raconta l’histoire.

Paul. — Louis a la main heureuse ; il nous apporte une chenille qui fait parfois de grands dégâts dans les jardins en broutant les feuilles des arbres fruitiers. On l’appelle la livrée, à cause de son costume bariolé de diverses couleurs, disposées en raies bleues, rousses, noires et blanches, qui la parcourent d’un bout à l’autre du corps. Sur le milieu du dos se trouve