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LES RAVAGEURS

général, renflés dans le haut et rétrécis dans le bas à la façon d’une poire. Leur grosseur atteint parfois le volume de la tête.

Jules. — Celui que nous avons rapporté a tout juste la forme que vous dites.

Paul. — Ce sont des nids où vit en société une espèce de chenille bleuâtre, ornée de petites verrues rouges que surmonte une aigrette de poils, roux sur le dos, gris sur les côtés.

Le nid fut légèrement ouvert, et l’oncle montra aux enfants la chenille qui l’habite.

Paul. — De cette chenille provient le papillon que voici. Il est d’un blanc grisâtre, avec des bandes transversales noires sur les ailes supérieures.

Une famille de chenilles, provenant des œufs pondus par le même papillon, construit en commun le logement de soie. Toutes prennent part au travail, toutes filent et tissent dans l’intérêt général. L’intérieur du nid est divisé, par de simples cloisons de soie, en une foule d’appartements qui communiquent entre eux. Au gros bout, parfois ailleurs, se voit une large ouverture en forme d’entonnoir ; c’est la grande porte d’entrée et de sortie. D’autres portes, plus petites, sont réparties çà et là. Les chenilles passent l’hiver dans leur nid, bien à l’abri du mauvais temps. Dans la belle saison, elles s’y réfugient la nuit et pendant les fortes chaleurs.

Dès qu’il fait jour, elles en sortent pour se répandre sur le pin et brouter les feuilles. Repues, elles rentrent dans leur demeure de soie, à l’abri des ardeurs du soleil. Or, quand elles sont en campagne, soit sur l’arbre qui porte le nid, soit sur le sol pour