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LES RAVAGEURS

Sous le corselet, entre les deux pattes de devant, se trouve une petite pointe dirigée en arrière. En face, sur le rebord de la poitrine, est une cavité où la pointe s’engage et reste tant qu’il n’est pas besoin de s’en servir. Mais si le taupin est renversé sur le dos, aussitôt le ressort joue. L’insecte, appuyant sur la tête et le bout des élytres, relève un peu et fait bâiller la jointure entre le corselet et la poitrine de manière que la pointe sort de sa gaine et vient s’arrêter sur le bord même du trou. Cela fait, par un effort brusque, l’insecte fait rentrer la pointe dans sa cavité, ce qui produit l’effet d’un ressort qui se détend. À la fois le corselet et les élytres choquent le sol, et l’insecte est lancé en l’air. S’il retombe sur les jambes, le taupin s’enfuit ; s’il retombe sur le dos, il recommence à faire jouer le ressort tant qu’il n’a pas réussi.

Le saute-marteau noir et jaune apporté par Émile fut mis sur la table, le ventre en l’air. Ah ! le voilà qui se plie et prépare sa mécanique. Toc ! il bondit à deux pouces de hauteur. Il retombe sur le dos ! Toc ! il retombe sur le ventre. Comme il court maintenant chercher vite un refuge ! Émile le remet sur le dos. Toc ! le taupin avec ses cabrioles lui ferait presque oublier sa toupie. L’oncle cependant n’oublie pas de compléter l’histoire du saute-marteau par des renseignements utiles.

Paul. — L’insecte qui paraît tant amuser Émile vit à l’état de larve dans le bois mort des saules. Il est inoffensif. Donnez-lui la liberté, qu’il a bien méritée. Mais il y a d’autres taupins, un surtout que je vous recommande : c’est le taupin des mois-