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LES RAVAGEURS

L’oncle voit de bon œil ces délassements agricoles, les encourage même par le don de quelques fleurs, de quelques arbustes, persuadé qu’il est que ces jeux enfantins tourneront avec l’âge en occupations sérieuses. Or, parmi les arbustes donnés à Jules, il faut compter avant tout un magnifique lilas, dont les grappes s’épanouissaient depuis quelques jours. Hier l’arbuste embaumait l’air de ses parfums, les abeilles et les papillons lui faisaient fête : ce matin il gît tout de son long à terre, le feuillage flétri, les grappes de fleurs fanées. Les pressentiments du pauvre enfant ne se sont que trop réalisés. Le petit jardin a été bouleversé par le vent, la ramée des pois de senteur est dispersée, et, pour comble de malheur, le lilas est cassé. On pleurerait pour moins. Jules accourut vers l’oncle les yeux gonflés de pleurs ; Émile le suivait, prenant part à sa peine.