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LES RAVAGEURS

à peu s’accroître en nombre et reparaître aussi multipliés que jamais.

Paul. — C’est évident, mais alors l’abondance des vivres favorise la multiplication des mangeurs, et la lutte recommence. Ce que je vous dis des zabres s’applique à tous les insectes. Une année, sans motifs apparents, telle et telle autre espèce abondent au point d’effrayer l’agriculture. Les années d’après, il n’y a plus rien, les ravageurs ont disparu : la providentielle balance entre dévorants et dévorés a nettoyé les champs.

Ce n’est pas un motif pour se croiser les bras et laisser faire ; il nous faut au contraire vaillamment prendre part à la lutte et seconder les efforts des ennemis de nos ennemis. Aide-toi, le Ciel t’aidera. Quand une terre est infectée par les zabres, il convient de la remuer profondément aux premières gelées pour mettre les larves à découvert et les livrer ainsi au bec des oiseaux, notamment des corneilles, pour lesquelles c’est un mets friand. Il convient aussi d’y passer, la nuit, un rouleau pesant pour écraser les larves sorties de leurs retraites.