Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée
24
le sexe de l’écriture.

diaires. Il résulte de ceci que les graphologues n’ont pas eu à s’exercer sur l’informe calligraphie d’enfants très jeunes, apprenant à écrire, ni sur la calligraphie maladroite d’enfants de 10 à 12 ans qui n’écrivent bien qu’en s’appliquant.

On a fait une objection à mon étude[1]. Un physiologiste distingué, qui s’est passionné, il y a vingt ans, pour la graphologie, me rappelle que l’âge réel des personnes n’est pas déterminable par l’écriture, parce qu’il résulte, non de leur acte de naissance, mais de l’âge de leurs artères, et qu’il est par conséquent en grande partie inconnu. C’est très juste. Il existe également un âge psychologique, qui est fait des leçons apprises, des épreuves traversées, des illusions perdues. Comment doser tout cela ? Évidemment, je ne m’en charge pas !

On doit donc admettre que l’âge psycho-physiologique et l’âge résultant de la date de la naissance peuvent ne pas coïncider.

Il me suffit du reste de feuilleter ma collection d’enveloppes pour y trouver beaucoup de preuves de ce défaut de coïncidence. Voici par exemple l’écriture d’un commerçant, que ses soixante ans sonnés n’empêchent pas de faire sur sa bicyclette de petites promenades de 80 kilomètres sans fatigue. Supposons que le graphologue, chargé de deviner l’âge de ce vieillard vigoureux, lui donne 55 ans, l’écart entre l’âge présumé et l’âge officiel est de 5 ans ; mais aurons-nous le droit de dire que le graphologue a commis une erreur de 5 ans en moins ? Ce n’est pas bien certain, puisque le scripteur est un homme qui, d’après ce que je connais de lui, me semble plus jeune que son âge.

  1. Je pourrais remplir plusieurs pages avec les objections qui m’ont été adressées ; j’ai cru prudent de prendre beaucoup de conseils, avant de m’engager dans cette voie hérissée de difficultés ; mais ces conseils, que l’expérience dictait à des personnes graves, étaient tellement contradictoires que je me trouvai ballotté en sens contraire comme le meunier qui va vendre son âne à la foire. L’un prétendait qu’on ne pourrait pas, pour contrôler la graphologie, se poser une moins bonne question que celle du sexe, parce que beaucoup d’hommes sont des féminins de caractère, qui ont une écriture de femme, et que beaucoup de femmes ont des allures garçonnières et une écriture d’homme ; un autre me mettait en garde contre les sujets qui ont de l’inversion sexuelle ; un troisième m’encourageait au contraire par cette observation que si vraiment les graphologues ne peuvent même pas deviner le sexe, avec toutes les conséquences physiques et morales que cette donnée comporte, c’est que la graphologie est un leurre. Un académicien, graphologue amateur, m’assure que ce qu’on lit le mieux dans l’écriture, c’est le degré d’intelligence ; un physiologiste me déclare au contraire que le développement de l’intelligence n’influe pas sur l’écriture, etc., etc.