laquelle un ignorant peut juger si une personne est bien portante ou malade, ou seulement un peu faible, d’après la coloration de sa peau, son allure générale et une foule de petits signes imperceptibles, n’est point le résultat d’une étude médicale théorique ; et il en est de même d’une foule d’autres connaissances qui sont en nous et nous servent continuellement. Tout cela est, comme origine, extra-scientifique.
La science pourrait-elle s’introduire là-dedans ? Ceux qui s’y sont déjà établis pensent volontiers que non, parce qu’ils veulent conserver cette situation mystérieuse et privilégiée qui les fait ressembler à des mages. On a remarqué avec esprit que les spirites, ces autres amateurs de clair-obscur qui sont peut-être de même la famille que les graphologues et les chiromanciens, ne se font pas faute de réclamer la collaboration de la science, mais lorsque celle-ci commence une incursion chez eux, ils ne peuvent pas se faire à ses méthodes de précision qui vont si mal à leur nature d’esprit ; ils reculent devant le flot qui monte, et ils vont planter leur tente plus loin, car ce qu’il leur faut c’est l’imprécis, l’indémontré, le rêve, la foi.
Je crois, j’espère que les graphologues, pas plus que les chiromanciens et les physiognomonistes, n’appartiennent à cette catégorie de rétrogrades. Je les convie donc à favoriser de tout leur pouvoir la recherche scientifique. Ayant rencontré parmi eux des esprits très distingués, très ouverts, très libéraux, j’ai bon espoir. Je souhaite donc ardemment que les vraies méthodes expérimentales, avec toute leur rigueur, soient appliquées à l’étude de l’écriture. Je fais mieux que de former des souhaits platoniques, j’offre mon concours.
Il faudrait pour ces recherches nouvelles, d’abord un intuitif, un croyant, à l’esprit fin, chercheur, fouilleur et même un peu aventureux ; que celui-là fût déjà un graphologue convaincu, ce ne serait pas un mal ; et volontiers on lui souhaiterait la force d’intuition si curieuse et si pénétrante d’un Crépieux-Jamin. Si celui que je nomme ici et que les graphologues doivent être fiers de compter parmi eux acceptait de faire ce travail, ce serait une bonne fortune pour la graphologie.
Derrière lui, d’un pas plus lourd, mais plus circonspect, marcherait le contrôleur, celui qui comme moi a assumé le