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le caractère dans l’écriture.

enfants naturels. Sa photographie fut présentée au juge d’instruction ; elle ne présentait aucune ressemblance avec la figure du cadavre. Celui-ci fut ensuite reconnu pour être celui d’un jeune homme, appelé Louis Baron, qu’Hoyos avait protégé, qu’il avait placé dans une maison comme valet de ferme ; on avait vu les deux hommes mangeant et logeant ensemble chez un aubergiste de Rambouillet, un mois avant le crime, et on avait ensuite perdu la trace de Baron. Tout s’éclaircit, et quelque temps après Hoyos était retrouvé bien vivant ; il s’était fait engager, comme domestique, dans un hôtel de Valenciennes, sous le nom de Baron, dont il possédait le livret.

L’instruction montra avec quelle habileté ce plan de substitution avait été exécuté. Hoyos était allé chercher en Belgique sa victime, il l’avait amenée en France en lui présentant l’appât d’une place superbe ; il espérait que la disparition de Baron dans un pays où celui-ci n’avait pas de famille ne serait pas remarquée. Quelques semaines avant le crime, il lui faisait cadeau d’un de ses vêtements ; il lui faisait délivrer, par la mairie de Sognies, ce livret d’ouvrier, dont il comptait se servir plus tard. Quelle préméditation ! Puis il achète une hachette, en fait raccourcir le manche, pour la cacher commodément dans sa poche. Le 2 novembre, il donne rendez-vous à Baron à la gare de Chantilly, fort tard dans la soirée. Sous quel prétexte ? On ne sait. Peut-être promettait-il encore au pauvre diable une place. À Chantilly, Hoyos descend de wagon, il retrouve Baron qui l’attend docilement, et lui et sa victime partent ensemble, dans la nuit, vers la campagne, peut-être sous prétexte de se présenter dans un des châteaux des environs. Ils arrivent sur le pont. Hoyos se jette sur Baron, l’abat à coups de hachette, le défigure, à force de le frapper au visage, puis il fait l’échange de ses papiers contre ceux du mort, qu’il jette ensuite sur la voie.

Voilà l’homme. Malgré les charges accablantes qui pesaient sur lui, Hoyos n’a jamais avoué. Il s’est défendu avec une énergie extraordinaire. Ceux qui l’ont vu le dépeignent comme un homme de quarante-cinq ans, encolure énorme, force herculéenne, teint de brique, l’œil faux et clignotant. Il ne se défend pas seulement, il accuse, et quand il parle il a des ricanements féroces. J’ai lu les détails de son interrogatoire. Il a toujours le mot qui porte, il se défend, il attaque avec une sûreté, un aplomb extraordinaires : pas de défaillance, pas un moment de sensibilité.

Son passé est déplorable. On ne le connaît pas tout entier, car son existence, pleine d’aventures, reste mystérieuse par certains côtés ; ainsi on ne s’explique pas comment il a pu, à certains moments de sa vie, avoir tant d’argent dans la main. Où le prenait-il ? Mais en revanche, certains faits paraissent tout à fait clairs. Les témoins s’accordent pour le représenter comme la terreur de tout un pays ; il avait une force prodigieuse, et il en abusait ; on cite je ne sais combien de rixes qu’il a provoquées, et où il a mis à mal ses adversaires. Ce n’est pas seulement un violent, et un brutal, c’est un fourbe. Dans les affaires dont il s’occupe, on le signale comme voleur, escroc. Il a été condamné pour avoir fabriqué de fausses traites. Du reste, sa mauvaise foi en affaires est un fait reconnu, et on ne compte plus le nombre de ses escroqueries. Mais ce sont ses crimes qui accusent le mieux sa personnalité. On trouve des traces de sang