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le caractère dans l’écriture.

à qui manque un suffisant pouvoir d’arrêt pour contenir l’agitation et faire régner un désirable équilibre.

Tel apparaît d’abord ce caractère, vu d’en haut, mais il y a un niveau inférieur qui avoisine l’instinct et dont on ne peut se déprendre pour bien juger : là se manifestent des éléments modérateurs, tels qu’un certain sens pratique et une défiance prudente, en antagonisme utile avec les poussées imaginatives. Nous nous croyons donc autorisé à conclure que la pondération, déjà insuffisante à l’état de repos, va se perdant à mesure que l’activité s’avive.

Nous dirons seulement de son intelligence qu’elle est médiocre, avec un peu plus de compréhension que de culture, et qu’elle acquerrait un profit peu négligeable à secouer le joug de la « folle du logis ».

Mme A. demeure en possession de la maîtrise de son moi, c’est quand il s’agit des cachettes de son âme ; elle est, à cet égard, d’une enviable discrétion, et cette qualité peut même rendre des points — beaucoup de points — à sa modestie. Mais ce qui importe davantage, ce sont les qualités de son cœur : elle est très sensible, émotive même ; sa vivacité sans frein contrarie sa douceur, et sa grand nervosité paralyse en elle la bienveillance. Point égoïste, elle est capable d’aimer, surtout par élans imaginatifs et soudains.

Si cette personne ne doit pas être rangée dans la catégorie des instables, c’est uniquement parce que les forces psychiques, dans les variations de leur mise en œuvre, obéissent toujours en elle aux mêmes lois d’évolution.


L’assassin Tilloy.

Je n’ai pas beaucoup de renseignements sur cet assassin. Le document dont je me suis servi est extrait d’un dossier qui m’a été obligeamment prêté par M. l’inspecteur général Granier.

Le nommé Tilloy, d’après ce que je lis dans ce dossier, vivait au commencement du siècle dernier ; il a commis un grand nombre de vols et trois ou quatre assassinats par cupidité. Il a écrit en prison l’histoire de sa vie, où il raconte simplement ses forfaits, sans grands détails, et avec une tranquillité d’esprit parfaite ; c’est au cahier renfermant son histoire que j’ai emprunté les fragments soumis aux experts.

Il apparaît dans ce document comme une nature fruste, sans culture, brutale, cruelle, à courte vue, sans intelligence, très rapprochée de l’animalité.

Le passage le plus caractéristique de son mémoire est le récit qu’il fait d’un de ses assassinats. Dans une maison où il était en train de voler, il est surpris par le retour inopiné du maître ; il se cache dans la cave, et une fois là, il cherche à y attirer le maître en faisant du bruit. En effet, le maître descend par curiosité dans sa cave, croyant avoir affaire à des rats. Tilloy se précipite sur lui et le frappe à la tête ; le malheureux tombe par terre, il ne bouge plus, il est mort. Quelques jours après, on l’enterre ; et comme on a besoin de porteurs, on avise Tilloy qui rôdait encore au-