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le caractère dans l’écriture.

clefs sans les trouver, rentra ensuite à Toulon, et essaya de pénétrer dans l’appartement de la fille Van Brusselin, sans y parvenir.

Enfin, le 22 décembre, il commettait son dernier assassinat sur la ligne de Nice à Menton, dans un wagon de chemin de fer. Une demoiselle Gertrude Herschbrunner, demoiselle de magasin à Monte-Carlo, avait pris un train du soir à Nice. Vidal était à la gare. Il resta sur le quai du départ jusqu’à la fermeture des portières. Au dernier moment, il monta dans le compartiment où Gertrude se trouvait seule. En route, entre Beaulieu et Eze, il se précipitait sur elle, l’égorgeait, jetait son corps sur la voie, se précipitait derrière lui, le transportait vers le talus, puis revenait à pied à Nice.

La matérialité de tous ces crimes a été reconnue et Vidal a avoué que c’est le besoin d’argent qui l’a poussé à les commettre.

Les trois médecins légistes qui l’ont étudié semblent un peu différer d’opinion sur son degré de responsabilité, bien qu’ils aient signé des conclusions identiques. Sans doute, ils ont dû se faire quelques concessions mutuelles. Lacassagne est surtout frappé par les signes de dégénérescence qu’il relève dans l’anamnèse de Vidal, il en ferait volontiers un malade ; Rebatel et Boyer ne trouvent pas dans son examen physique une tare sérieuse, ni dans l’analyse des crimes commis aucun caractère d’incohérence, de délire ou d’impulsion. En conséquence, les trois experts ont déclaré Henri Vidal « responsable avec une légère atténuation ».

Les détails qu’on nous donne sur sa psychologie sont nombreux, et appuyés par plusieurs témoignages concordants. Il nous est représenté comme sournois, timide, hypocrite, vindicatif, vantard, paresseux, violent, et surtout d’une intelligence inférieure à la moyenne ; on répète sans cesse : c’est un débile. Voilà un portrait bien peu sympathique. J’ai lu avec attention cette longue histoire, cherchant si l’on pouvait y trouver quelque circonstance qui fût à l’avantage de Vidal, et je n’en ai pour ainsi dire pas trouvé.

Vidal est donc un criminel de sang, qui, par son écriture, va nous fournir un excellent sujet d’étude.

Les spécimens d’écriture qui émanent de lui m’ont été prêtés par le Dr Lacassagne, qui a bien voulu les détacher des cahiers de mémoires que Vidal a écrits pendant qu’il était en prison. Les écrits sont donc postérieurs aux différents crimes. M. Lacassagne, sur ma demande, a choisi des pages dans lesquelles Vidal ne fait aucune allusion à des faits de son passé qui pourraient révéler son identité.

J’ai soumis aux experts huit lignes de cette écriture ; je les reproduis ici, en partie. C’est un passage où Vidal parle de ses rêves. Comme au verso du même feuillet, quelques mots écrits auraient pu mettre sur la voie, j’ai eu soin d’encastrer les huit lignes dans du fort carton, auquel il a été fixé avec