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questions de méthode.

l’absence de repentir après, la liberté d’esprit et le cynisme avec lequel ils étalent les détails les plus répugnants sont des faits qui ont frappé depuis longtemps tous les criminalistes.

On dit communément que les criminels sont des êtres atteints de folie morale, qu’ils sont des anormaux, en ce sens qu’ils comprennent la distinction du bien et du mal, mais qu’ils ne la sentent pas.

Il y aurait lieu de revenir sur ces questions et de les préciser, en établissant la série exacte des sentiments qui manquent aux criminels, car on va un peu vite quand on dit en bloc que les sentiments moraux leur manquent.

Il faudrait entrer dans le détail[1]. En tout cas, on verra par les renseignements que je donne ici sur quelques assassins dont j’ai pu me procurer l’écriture à quel point ils portent l’insensibilité morale. Je recommande particulièrement à ce point de vue, Hoyos, Eyraud et la femme Galtié.

Ces diverses considérations tendent à faire admettre qu’un crime est un document du plus haut intérêt pour établir la psychologie d’un individu ; et on a raison de le dire ; mais il faut ajouter des considérations un peu différentes, qui conduisent à des conclusions opposées, et qui corrigent tant soit peu l’effet des premières.

Si le crime est la manifestation d’une personnalité, on doit reconnaître toutefois que c’est une manifestation à la fois particulière et occasionnelle ; particulière, disons-nous, tandis que le caractère est une chose générale. Il n’est pas prouvé que tel acte particulier représente en miniature tout l’individu. En termes moins abstraits, disons que bien des mobiles différents peuvent pousser au crime et l’expliquer ; de même, bien des traits de caractère, qui n’ont aucun rapport avec le crime, peuvent exister chez le criminel, et même jouer en lui un rôle très important ; il est possible que le crime ne soit chez lui qu’un accident, important sans doute pour la victime, mais accessoire dans la psychologie de l’auteur, et ne représentant pas son état normal moyen.

Une manifestation occasionnelle, disons-nous encore ; et par là nous voulons faire entendre que pour qu’une certaine tendance psychologique aboutisse à un assassinat, il a fallu

  1. Ce ne serait possible que si l’administration de la justice ouvrait toutes grandes ses archives aux psychologues.