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le caractère dans l’écriture.

comme la taille, elle varie sans cesse, monte, descend suivant les tentations qui nous assaillent, suivant les témoins qui nous regardent, suivent le chaud, le froid, la fatigue, la digestion, que sais-je ?

Comme tout cela oscille ! Et quand on réfléchit, comme on se sent peu sûr du jugement qu’on porte sur les autres, et même sur soi !

On se rend bien compte du reste de ces fluctuations de la moralité, lorsqu’on examine le procédé employé par un graphologue pour doser la moralité d’une écriture. Regardons-le travailler, et écoutons ses confidences. Il découvre le plus souvent dans une même écriture des signes antagonistes, je veux dire des signes qui prêtent à des conclusions justement opposées. Voici de la bonté, de la tendresse, nous disent-ils ; mais d’autre part voilà de l’irritabilité, de la sensualité. La moralité de l’individu est à la merci de ces forces contraires, elle en est la résultante. Mais comment savoir de quel côté sera la victoire ? Comment évaluer ces deux armées ennemies de penchants ? question de force, question d’opportunité, de moment. On comprend l’indécision du graphologue, et on sent qu’il a bien raison d’être indécis. Sans doute, les malins — car il y en a toujours, en graphologie comme ailleurs — profitent de cet état de choses pour nous dire : cette écriture contient en elle de quoi expliquer les conduites les plus opposées ; oui, malins, répondrons-nous, vous avez trouvé là une précieuse formule, qui est un bouclier contre l’erreur ; avec cela vous ne serez jamais pris en défaut. Mais prenez garde ; si vous ne pouvez jamais vous tromper, vous ne pourrez jamais non plus dire juste, car les deux choses sont corrélatives ; et votre ruse tourne en définitive contre vous, car vous démontreriez que la graphologie est un art inutile.

Ajoutons encore que les doutes que nous pouvons avoir sur la moralité vraie d’une personne profitent toujours au graphologue, car lui ne doute pas, il affirme, et l’apparence de certitude fait toujours impression sur ceux qui sont indécis. Encore une source d’illusions.

Voilà pourquoi j’ai pensé que j’écarterais bien des incertitudes en prenant comme sujets d’analyse des personnalités aussi tranchées que le sont des criminels de sang, ceux sur-