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De leurs germes féconds remplissent l’Univers.
Au siècle de Louis, âge d’or du génie,
Tu vis s’épanouir ta fleur, la poésie ;
Et plus tard, fécondant un sol ensanglanté,
Pour nous tu fis mûrir ton fruit, la liberté !…
Non cette liberté qui, de troubles nourrie,
Outrage en ses excès le trône et la patrie ;
Mais la liberté sage, et fille de la paix,
Elle aura, grâce à toi, tous les rois pour sujets ;
Grâce à toi, notre France a fait pacte avec elle,
Et le sceau du contrat est la Charte immortelle…
Mais respecte ta gloire, et que de tes travaux
Ton art ne fasse point une source de maux :
Qu’il n’aille pas, armant l’impure calomnie,
Sur le juste opprimé verser l’ignominie ;
Qu’il ne soit ni vénal, ni faux, ni délateur,
Qu’il repousse l’écrit dont le fiel corrupteur
Souillerait le jeune âge en sa fleur d’innocence ;
Pour le coupable seul réservant sa vengeance,
Qu’il songe en flétrissant qu’il flétrit pour jamais ;
Qu’il n’aille pas surtout, artisan de forfaits,
Égarer les esprits, nourrir au sein des villes
Le feu séditieux des discordes civiles ;
Et, bornant son pouvoir à sauver les États,
Qu’il éclaire l’Europe, et ne l’embrase pas.