Page:Les Poètes lauréats de l’Académie française, tome 1, 1864.djvu/437

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Et des troubles créés par ce puissant moteur
Une révolte est l’arme, un seul homme est l’auteur.

Plus lente à se former, plus lente à se détruire,
Tous les renversements ou de culte ou d’empire
Qu’amène la pensée à l’aide des écrits
Pour passer dans les faits passent par les esprits,
La vérité, par elle en tous lieux répandue,
Glisse, coule, s’étend, dans les cœurs s’insinue,
Pour y régner toujours les gagne avec lenteur.
Chaque instant vient lui faire un ami d’un lecteur ;
Le nombre se grossit, l’opinion s’enflamme,
Dans mille seins divers passe et vit la même âme ;
Et quand un peuple entier qu’anime un seul dessein
Se lève, et qu’à grand bruit le choc éclate enfin,
Ce tonnerre tardif en sa course terrible
Brise, emporte et dissout, destructeur invincible.
Ce n’est plus une émeute et sans but et sans fruit,
Une foule aveuglée et qu’un homme conduit ;
C’est tout un siècle uni défendant sa pensée,
C’est l’œuvre de vingt ans en un jour ramassée,
Le fruit d’un long passé plein d’un long avenir !
Grâce à l’imprimerie ! éternel souvenir,
A toi dont les bienfaits ont marqué la puissance !
Source de nos grandeurs, arbre fertile, immense,
Dont les parfums errants, dispersés dans les airs,