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Remue an fond des cœurs des puissances cachées :
A leur repos de mort les âmes arrachées
Demandent à l’étude une immortalité,
Une route aux anciens ; toute l’antiquité
Renaît, et vient former aux leçons du génie,
A travers trois mille ans, l’Europe rajeunie.
Disciples glorieux, par l’éclat de leurs vers,
Le Tasse et l’Arioste enchantent l’Univers,
Et ramènent l’Europe aux beaux jours de la Grèce.
Sur l’art de Guttemberg appuyant sa faiblesse,
La science agrandit son horizon borné :
Copernic, replaçant le soleil détrôné,
Le fait roi dans les deux, fixe au centre du Monde
L’immobile foyer de sa clarté féconde ;
Et notre Globe tourne, et de l’astre du jour,
Usurpateur déchu, s’en va grossir la cour.
Colomb découvre enfin cette terre nouvelle
Qu’il promit à la terre, et qu’un Dieu lui révèle.
Et cependant notre art mêle à tant de grandeur,
Protecteur ou témoin, son pouvoir créateur ;
Soutien fidèle, il prête aux libertés naissantes
L’appui de la pensée et ses armes puissantes.
La science n’est plus cette clarté trop rare
Cachée à tous les yeux, ni cette table avare
Où quelques conviés à peine étaient admis ;
Tous à ce grand banquet désormais réunis,