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Par les tyrans proscrite, ou par le temps éteinte.
Les peuples, leurs écrits, leurs travaux éclatants
Couraient s’ensevelir dans l’abîme des temps ;
Plus grands, mais moins heureux qu’en cet âge où nous sommes,
Les siècles engloutis mouraient comme les hommes.
L’esprit humain, brûlant d’un inutile feu,
Attendait, appelait un homme, un ange, un Dieu,
Qui publiât sa gloire, et, du tropique au pôle
Répandant ses trésors, donnât à sa parole
Pour âge tous les temps, pour champ tout l’Univers.

Guttemberg apparaît, et libre de ses fers,
Le génie immortel a repris son empire,
Et le temps désarmé passe, mais sans détruire.
Un seul homme a sauvé vingt siècles de l’oubli !
Qu’il en soit donc sauvé ! Que son nom ennobli
Trouve dans tous nos vers un écho de sa gloire.
Sa découverte au Monde a légué sa mémoire.

Un jour que, fatigué de stériles essais,
Il veut d’un si grand œuvre assurer le succès,
Tout à coup, se levant : — O secrets du génie,
Je t’ai trouvé, dit-il ; qu’a jamais soit bannie
Cette planche grossière et ces traits mal formés :
Que des lettres, des mots, dans le bois imprimés,
Et tout entiers noircis d’une trace liquide,