Page:Les Poètes lauréats de l’Académie française, tome 1, 1864.djvu/370

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« Au sol qui l’enfanta demande son tombeau.
« Vous paraissez alors, et votre main barbare
« A son gré nous choisit, à son gré nous sépare.
« Du moins tout ce que j’aime a suivi mes destins !
« Ah ! pourquoi nous traîner vers ces climats lointains ?
« C’en est assez, cruels ! achevez vos victimes ;
« Différer leur trépas c’est prolonger vos crimes. »
Elle dit ; les soupirs les sanglots renaissants,
Trahissent sa faiblesse et troublent ses accents.
Le farouche Belmar, à l’aspect de ses larmes,
D’une chaste pitié ne connaît point les charmes.
« Va, laisse-là, dit-il, ivre de son pouvoir,
« Et ton sauvage hymen, et ton vain désespoir ;
« Me plaire désormais est ta vertu suprême. »
— « Je suis à mon époux. » ― « Tu n’es plus à toi-même.
« Tremble. » ― Mais sa menace en vain frappe les airs.
— « Moi trahir mon époux ! mon époux dans les fers !
« Ah ! plutôt, insensé, tu verras, lui dit-elle,
« L’ange blanc de la mort m’enlever sur son aile. »
D’orgueil et de courroux à ces mots transporté,
L’ardent marin se livre à sa férocité,
Commande son supplice ; innocente ou coupable,
De chaînes, de tourments ordonne qu’on l’accable.
Tout déplore son sort ; ses bourreaux gémissants
Égarent à dessein leurs coups compatissants ;