Page:Les Poètes lauréats de l’Académie française, tome 1, 1864.djvu/369

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« Sous l’ébénier en fleurs, au chant du bengali,
« Nous dansions. A grands flots versés par Néali,
« Le lait et l’hydromel au doux plaisir invitent,
« Et du gai tambourin les sons se précipitent.
« Tout à coup le feu brille et dévore nos toits.
« De la cime des monts, de l’épaisseur des bois,
« Du sein même du fleuve où rayonnent les flammes,
« Fondent, le glaive en main, des ravisseurs infâmes.
« Au fracas du salpêtre ils s’élancent sur nous ;
« Tout subit leurs liens, ou tombe sous leurs coups ;
« Leur avare fureur saisit jusqu’à l’enfance.
« Nuit de crime et de deuil ! Nos vieillards sans défense
« Pressaient, les yeux en pleurs, ces bras ensanglantés
« On les égorgea tous…. Qui les eût achetés ?
« Ainsi marche à l’exil la nation plaintive ;
« L’incendie et la mort restent seuls sur la rive.
« De déserts en déserts on nous traîne expirants.
« La fatigue, la soif, les sables dévorants,
« Allument dans nos flancs des douleurs homicides
« Et disputent nos jours à des maîtres avides.
« Enfin nous découvrons ton navire fatal
« Prêt à nous arracher au doux pays natal.
« A cet horrible aspect poussant un cri de rage,
« Un peuple tout entier se couche sur la plage,
« Et, du soleil de Blancs refusant le flambeau,