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« Arme les nations, les familles, les frères.
« De monts en monts résonne en long rugissement
« Du bruyant tabala le sombre roulement.
« Guerre ! guerre ! Au butin le crime plein de joie
« Vole, et l’homme partout dans l’homme a vu sa proie.
« L’un, au sein des combats, où l’a trahi le sort,
« Trouve la servitude en méritant la mort.
« L’autre, en son champ natal qu’a ravagé la guerre,
« Pour un vil aliment est vendu par son père.
« Avec tous ses enfants celui-là condamné,
« A ses accusateurs par les lois est donné ;
« Les lois qui, grâce à vous, sur ce fatal rivage,
« N’ont qu’un mot : l’esclavage, et toujours l’esclavage !
« Nous espérions encore échapper à ces maux.
« Almoran, dont l’empire embrassait nos hameaux,
« Indulgent souverain, régna longtemps en père.
« Mais la hutte royale a vu votre émissaire
« Étaler les colliers, les glaives, les mousquets,
« Et ces liqueurs de feu qui troublent vos banquets.
« Cent esclaves paieront ces fatales richesses ;
« Et le courtier de sang, mêlant à ses caresses
« L’enivrante boisson qu’il tient de votre main,
« D’un exécrable impôt ravit l’ordre inhumain.
« Et nous, au doux éclat de la lune naissante
« Qui ranimait du soir la brise caressante,