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L’ABOLITION DE LA TRAITE DES NOIRS


 
Terre aux noirs habitants, climats mystérieux,
Afrique, qui, rebelle à nos pas curieux,
De plus d’un Mungo-Park ensevelis l’audace,
Que de fois, en espoir m’égarant sur leur trace,
Je visite ces bords où, les cieux bienfaisants,
Au milieu des fléaux, ont caché leurs présents,
Ces cités, ces forêts, ces lacs intarissables !
Là, non loin du désert, vaste océan de sables,
Qu’agitent de l’Atlas les brûlants aquilons,
Des fleuves argentés baignent de frais vallons ;
Le rocher ceint son front de bananiers fertiles ;
Près du repaire affreux des tigres, des reptiles,
Bondit et la gazelle et le zèbre indompté,
Et, du Maure bravant l’errante avidité,
Le nègre, sur la foi d’un talisman prospère,
Ose semer son champ, ose être époux et père.
Mais l’ignorance, hélas ! voile encore ses regards.
Oh ! si l’heureux génie et des lois et des arts,