Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
CONTES ARABES.

rier votre fille[1], je suis prêt à vous compter la somme ? » « Eh bien ! dit la vieille, nous t’épouserons en nous comptant les quatre mille sequins. »

« J’accepte les conditions (dit le calife, en entrant dans l’intérieur de la maison et s’asseyant). Allez chez le cadi un tel, et dites-lui que le Bondocani[2] le demande. » « Voleur, re-

  1. Le calife se sert ici d’une expression proverbiale et emblématique, en demandant à la vieille : « Avez-vous une vigne, ou voulez-vous battre avec le garde vendanges ? » « J’ai une vigne, répond-elle. » Le sens de l’allégorie est facile à saisir. Il lui fait entendre par-là qu’ayant une fille à marier, elle ne doit pas le rejeter. La vigne est prise dans ce sens allégorique en plusieurs endroits des livrs saints. (Voyez le Cantique des Cantiques, chap. I, verset 5, et chap. VIII, verset 12.
  2. Le bondocani en Arabe, al bondocani : ce mot dérivé de bondoc, balle de fusil (voyez la note p. 27), d’où vient aussi le mot bondokia, fusil, doit signifier ici celui qui porte un fusil ou arquebuse. Le rapport du mot al bondocani avec le déguisement du calife disparoît, si on lui donne pour armes un arc et des flèches, comme a fait M. Cazotte.