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CONTES ARABES.

En même-temps il ordonna qu’on les conduisit en prison.

Le troisième jour, le calife impatient, résolut d’aller lui-même au-devant des aventures qu’il attendoit. Il choisit un déguisement bizarre, s’affubla d’un habit grossier, entoura sa tête d’un mouchoir épais, prit en main une arquebuse[1], mit une giberne sur son dos, et remplit ses poches d’or et d’argent. Dans cet équipage, il sort du palais, et commence à parcourir les rues de Bagdad, espérant voir bientôt les merveilles que lui avoit annoncé le Hageb.

Sur les dix heures du matin, il vit à l’entrée d’un bazar un homme qui disoit tout haut : « Jamais je n’ai rien vu de si étonnant ! » Le calife lui demanda ce qu’il avoit

  1. Arquebuse. Les mots du texte cous al bondoc désignent un arc ou instrument propre à lancer des balles. Le mot arquebuse, arcobugio en italien, est pareillement dérivé du mot arc. Les mots kis al bondoc, que j’ai rendus par giberne, indiquent proprement un sac où se mettent les balles.