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LES MILLE ET UNE NUITS,

ajouta le calife, tous les historiens conviennent qu’il changea bientôt de conduite et se montra si humain et si équitable, que les animaux de la terre et les oiseaux du ciel ressentirent les effets de sa justice et de sa bonté. » « C’est encore pour cela, répondit la nouvelle reine, que Dieu a eu pitié de ses descendans et a retiré sa petite-fille[1] du milieu de la rue, pour la rendre l’épouse du Commandeur des croyans. »

Le calife Haroun Alraschid étoit d’un caractère fier et ombrageux. Cette illustre origine, qu’il ne s’étoit pas attendu à rencontrer, le sang-froid avec lequel la nouvelle reine envisageoit son élévation, peut-être la hauteur qu’il crut apercevoir dans ses réponses, tout cela le piqua tout-à-coup : il la quitta brusquement, et jura de ne pas la revoir avant un an.

L’année suivante, le jour de la fête

  1. Petite-fille ne signifie ici que descendante. L’auteur arabe se sert même du mot fille dans cette signification.