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CONTES ARABES.

» Les infidèles ne faisoient point enlever les corps des malheureux qu’ils avoient précipités ; mais ils les laissoient devenir la pâture des oiseaux et des animaux carnaciers. Le jeune prince étant resté évanoui toute la journée, revint à lui pendant la nuit.

» Il rendit aussitôt grâce à Dieu, en mettant en lui toute sa confiance ; il s’éloigna des cadavres dont il étoit environné, et marcha jusqu’à la pointe du jour. Épuisé de faim et de fatigue, il se nourrit de feuilles et de fruits sauvages, et se cacha dans un bois. Il se remit en chemin la nuit suivante, et continua de marcher ainsi toutes les nuits, et de se retirer le jour dans les bois ou dans les rochers, jusqu’à ce qu’il fût parvenu sur les terres du roi son oncle. Il entra alors chez quelques paysans, auxquels il raconta, sans se faire connoître, la manière merveilleuse dont il avoit échappé à une mort qui paroissoit assurée.

» Ces bonnes gens admirèrent la Providence de Dieu, furent touchés