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LES MILLE ET UNE NUITS,

jeune ministre, et que vous empêchez le roi de le punir. Ces discours passent de bouche en bouche, et ne cesseront de se répandre de plus en plus tant que ce jeune homme vivra. »

« Ces discours m’offensent vivement, dit la reine, et je veux les faire cesser. Je suis intéressée, je le vois, à hâter la mort de ce jeune homme ; mais que faut-il faire pour cela ? »

« Madame, lui dit un des visirs, il faut aller trouver le roi, vous jeter à ses pieds, lui dire que vous avez appris par vos femmes les bruits qui se répandent dans la ville, et que vous ne pouvez vivre plus long-temps, si ce jeune homme n’est exécuté sur-le-champ. »

La reine, entraînée par cet artifice, se leva aussitôt, et se rendit chez le roi. Elle déchira ses habits devant lui, se jeta à ses pieds, et lui dit en pleurant : « Mon honneur n’est-il pas inséparable du vôtre, et peut-on attaquer ma réputation sans manquer au respect qui vous est dû ? Le crime de ce jeune homme est connu