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CONTES ARABES.

mort, et tu ne peux attendre de moi aucun pardon. »

« Sire, dit le jeune intendant, plus la faute est grande, et plus il y a de mérite à pardonner. Un souverain tel que vous, peut aisément et sans crainte pardonner à un malheureux comme moi, quand la faute auroit éclaté aux yeux du monde entier ; à plus forte raison quand les apparences seules et la malignité le condamnent. Faire grâce de la vie, c’est la plus grande grâce qu’on puisse faire : par-là, la puissance des rois se rapproche de celle de la Divinité ; car laisser vivre celui qu’on peut faire mourir, c’est, pour ainsi dire, rendre la vie à un mort. L’exemple du roi Beherkerd, prouve que les souverains qui font usage de la clémence, en sont eux-mêmes quelquefois récompensés. »

Azadbakht parut désirer d’entendre l’histoire du roi Beherkerd, et le jeune homme la raconta en ces termes :