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LES MILLE ET UNE NUITS,

quante hommes qui n’avoient pas voulu m’abandonner.

» La Providence me fit rencontrer dans ces montagnes un derviche renfermé dans son hermitage, et entièrement occupé des exercices et des pratiques de la religion. Je fis connoissance avec lui, et je lui racontai mon malheur. « Je ne sais, lui disois-je en finissant, ce qui a pu causer ma défaite. Mon ennemi n’avoit que huit cents hommes, et j’en avois huit cent mille. »

« Votre ennemi, me dit le saint personnage, mettoit sa confiance en Dieu ; et vous, vous mettiez la vôtre dans le nombre de vos troupes : voilà pourquoi votre ennemi a été vainqueur, et que vous avez été défait. Reconnoissez votre faute, et mettez désormais votre espoir dans le secours du Tout-Puissant. »

» Ces paroles furent pour moi un trait de lumière. J’élevai mes regards en haut, et je gémis de l’orgueil et de la présomption qui m’avoient aveuglé jusque-là. Au bout de quel-