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LES MILLE ET UNE NUITS,

truit, m’ont porté à la calomnier. Le mal retombe toujours sur celui qui le fait, et mon arrêt est depuis long-temps écrit sur mon front.

« Comment, malheueux, s’écria Dadbin en se frappant le visage, tu as trahi ma confiance, et tu m’as fait sacrifier, par tes infames mensonges, une épouse qui m’étoit si chère ! Quelle mot, quels tourmens un tel forfait ne mérite-t-il pas ! »

« Cardan, reprit aussitôt Chosroès, n’est pas ici le seul coupable : toi-même, Dadbin, tu mérites la mort pour avoir si légèrement ajouté foi à la calomnie, et puni ton épouse avec tant de précipitation. Si tu eusses examiné, recherché la vérité, tu aurois découvert facilement le mensonge, et distingué l’innocent du coupable. »

» Chosroès s’adressant ensuite à Aroua, lui dit : « Soyez ici juge, Madame, et prononcez leur arrêt. »

« Sire, répondit Aroua, Dieu les a jugés lui-même : Celui qui donne injustement la mort sera con-