Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
LES MILLE ET UNE NUITS,

« Comment, lui répondit Aroua, votre Majesté pourroit-elle abaisser ses regards sur une infortunée séparée du reste du monde ? » « Je vous ai vue, reprit Chosroès, et désormais je ne puis vivre sans vous : si vous ne consentez à devenir mon épouse, je vais fixer ma demeure dans ce désert, me ranger sous votre obéissance, et me consacrer avec vous au service de Dieu. »

» Chosroès fit aussitôt dresser deux tentes, l’une pour lui et l’autre pour Aroua. Il se retira dans la sienne, et fit porter à la jeune solitaire la nourriture dont elle avoit besoin.

» Aroua fut sensible à la délicatesse d’une telle conduite, et sentit tout le prix des sacrifices que lui faisoit le roi de Perse. Elle réfléchit à la perte qu’alloient faire ses sujets, et à la désolation de sa famille, et s’efforça de le détourner de sa résolution, en parlant ainsi à l’esclave qui lui apportoit à manger :

« Représentez au roi de ma part qu’il ne doit pas abandonner pour