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LES MILLE ET UNE NUITS,

tout cela fit qu’on ne s’aperçut pas de l’erreur. Un des principaux seigneurs du royaume vint dire à Abousaber : « Nous nous sommes défaits de votre frère, dont la tyrannie étoit devenue insupportable, et vous allez régner à sa place. »

» Abousaber ne répondit rien, et reconnut que son élévation étoit la récompense de sa patience. Ou le revêtit des habits royaux, et on le fit monter sur le trône. Abousaber fit régner avec lui la justice et l’équité. En se montrant généreux et bienfaisant, il gagna l’amour de ses sujets, et se fit obéir autant par amour que par devoir. Il ne négligeoit pas les affaires du dehors ; il avoit soin de bien défendre ses frontières, et entretenoit de nombreuses armées.

» Le roi qui avoit fait enlever à Abousaber tout ce qu’il possédoit, et qui l’avoit chassé du village qu’il habitoit, éprouva bientôt lui-même un sort pareil. Un de ses voisins avec lequel il étoit en guerre entra dans son pays à la tête d’une armée consi-