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CONTES ARABES.

eux autant d’or qu’ils purent, et s’enfuirent pendant la nuit du côté du Kerman, abandonnant leur capitale à Isfehend, qui entra dans la ville et s’en empara.

La reine, qui étoit enceinte, ne fut pas long-temps sans ressentir les douleurs de l’enfantement. C’étoit le soir, et ils se trouvoient alors près d’une montagne au pied de laquelle couloit une fontaine. Ils descendirent de cheval. La reine mit au monde un enfant aussi beau que la lune dans son plein, détacha un de ses vêtemens, dont l’étoffe étoit de soie brodée d’or, en enveloppa l’enfant, et lui présenta son sein. Ils passèrent la nuit dans cet endroit.

Le lendemain matin, le roi dit à son épouse : « Cet enfant qui devoit mettre le comble à mon bonheur augmente aujourd’hui l’horreur de la position critique où nous nous trouvons. Nous ne pouvons ni rester ici, ni l’emmener avec nous : forcés de l’abandonner à la Providence, prions Dieu qu’il envoie quelqu’un qui en prenne