Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
CONTES ARABES.

« Peste soit de l’aventure, dit tout bas le visir, en le voyant ! Cette nuit même je vais devenir l’épouse de ce manant ; et j’aurois beau dire à ces gens-là : Que faites-vous ? Vous êtes dans l’erreur, je suis le visir du calife ; ils ne me croiroient pas, car j’ai l’apparence d’une femme. Ah, ah ! à quoi me suis-je exposé ? Qu’avois-je besoin de ce divertissement ? »

« Garçon, dit le pêcheur à son fils, il faut que tu sois né sous une heureuse étoile. Le ciel t’envoie ce qu’il n’a jamais envoyé à personne avant toi, et ce qu’il n’enverra vraisemblablement jamais à d’autres après toi. Voici une fille de la mer que je t’amène. Tu es jeune, tu n’es pas marié, fais-en ta femme dès ce soir. »

Le jeune homme fut si content de la proposition, qu’il avoit peine à croire que son bonheur ne fût pas un songe. Il épousa sa femme dès le soir, et la rendit enceinte. Au bout de neuf mois, elle accoucha d’un gros garçon qu’il fallut nourrir, se trouva de nouveau enceinte peu de