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CONTES ARABES.

aux pieds du calife. « Maladroit, s’écria-t-il, peux-tu être assez aveugle pour frapper ton compagnon, au lieu de frapper le coupable qui est devant toi ! Regarde-le bien, et prends garde à ce que tu vas faire. » Le bourreau leva une seconde fois le bras, et fit voler la tête de son fils qui étoit à ses côtés. Tous ceux qui étoient présens furent saisis d’effroi.

Le calife, ne pouvant revenir de sa surprise, demanda à son visir ce que cela signifioit ? « Grand prince, répondit celui-ci, toute votre puissance seroit ici inutile. Quels moyens opposer à des prestiges et à des enchantemens ? Celui qui enlève votre fille avec son lit, qui fait tout-à-coup de sa maison une isle environnée d’abymes, ne pourroit-il pas vous ôter l’empire et la vie ? Je vous conseille d’aller au-devant du médecin, de le traiter honorablement, et de le prier de vouloir bien ne nous faire aucun mal. »

Le calife vit bien qu’il n’avoit rien de mieux à faire que de suivre le