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CONTES ARABES.

médecin, elle s’en retournera comme elle est venue, et personne ne saura ce qui s’est passé. » En effet, la princesse s’endormit, et se retrouva, en s’éveillant, dans son palais. Elle se garda bien de rien dire de ce qui lui étoit arrivé, et attendit la nuit avec impatience. Elle fut encore transportée près du jeune homme, comme elle l’avoit été la veille, et ce prodige se renouvela les jours suivans.

Au bout de quelques mois, la princesse étant un matin avec la sultane sa mère sur la terrasse du palais, resta quelque temps le dos tourné au soleil. La chaleur lui ayant échauffé les reins, elle laissa échapper, malgré elle, plusieurs vents. Sa mère, étonnée, lui demanda ce qu’elle avoit. La princesse ayant répondu qu’elle ignoroit la cause de cet accident, sa mère la considéra plus attentivement, porta la main sur son ventre, et s’aperçut qu’elle étoit enceinte. Aussitôt elle poussa un cri, se frappa le visage, et lui demanda comment elle