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CONTES ARABES.

ment éprise de lui ; elle lui a fait un tableau touchant des maux que l’amour lui faisoit endurer : un baiser, un seul baiser pouvoit la guérir. Ali ne pouvoit soupçonner la ruse, la perfidie ; il ne voyoit aucun mal à laisser prendre ce baiser, et ne devinoit pas que cette action pût vous déplaire. Cédant à la pitié, et non à l’amour, il s’est laissé embrasser ; et la femme, pour vous prouver clairement qu’elle l’avoit embrassé, lui a enlevé un petit morceau de la joue. C’étoit donc vous qui étiez la seule coupable ; et malgré cela vous vouliez lui faire couper la tête, et vous l’avez fait presque périr sous les coups de vos esclaves. Je ne puis, après tout cela, me présenter devant lui, et il vous faut chercher quelqu’autre expédient. »

« Comment, ma bonne vieille, dit la jeune personne, toi qui as vu dans ta vie tant d’aventures semblables à celle-ci, et encore plus extraordinaires, tu ne peux me rendre aucun service ? Tu ne pourrois par ton