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CONTES ARABES.

dame, lui dit-elle, révoquez l’arrêt que vous venez de prononcer. Vous ne tarderiez pas à être fâchée d’avoir porté si loin la vengeance ; et le repentir seroit inutile. Contentez-vous de châtier ce jeune homme ; cela vaudra mieux que de le faire périr. »

» Mon épouse, changeant alors de sentiment, ordonna à ses esclaves de m’étendre par terre, et de me donner la bastonnade. Elle fut aussitôt obéie ; et tandis qu’on me frappoit, elle répétoit : « Infâme, tu donnes ta joue à baiser à une inconnue ! » Ou bien elle récitoit, avec une maligne satisfaction, des vers dont les sens étoit : « Qu’il faut abandonner à sa rivale le cœur qu’elle nous dispute, et vivre seule, ou mourir d’amour, plutôt que d’avoir un amant qui partage sa tendresse avec un autre objet. »

» On me frappa si long-temps et avec tant de violence, que je perdis presqu’entièrement connoissance. On m’emporta ensuite, et l’on me jeta dans la rue. Les premières personnes qui passèrent, s’imaginèrent que