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CONTES ARABES.

couvrer le sommeil. » La dame alors s’avança vers moi ; mais au lieu de m’embrasser, elle me mordit de toutes ses forces, m’emporta un petit morceau de la joue, et s’enfuit aussitôt. La douleur me fit pousser un cri. Je déchirai un mouchoir, et je m’enveloppai la joue.

» Dans ce moment la vieille arriva, et fut surprise de l’état où elle me trouvoit. Je lui dis qu’en faisant le matin l’ouverture de ma boutique, une cheville de fer m’étoit échappée ; qu’heureusement elle ne m’avoit pas crevé l’œil, mais qu’elle m’avoit écorché la joue. « Pourquoi, me dit-elle, ne faites-vous pas ouvrir votre boutique par votre esclave ? » Je l’assurai que ce n’étoit rien, que Dieu m’avoit sauvé du plus grand danger, et que j’étois prêt à la suivre.

» Dès que les esclaves me virent entrer, elles parurent fort affligées, et commencèrent à faire de grandes lamentations sur ma blessure. Mon épouse m’en demanda la cause, et je lui répétai ce que j’avois dit à la