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LES MILLE ET UNE NUITS,

à souper plusieurs négocians de la ville. Chacun deux avoit amené son fils aîné. Après un repas splendide, auquel on fit honneur, et où l’on s’amusa beaucoup, la conversation tomba sur l’établissement des enfans. Ceux-ci profitant de la gaieté et de la bonne humeur, témoignoient librement leur goût pour telle ou telle partie du commerce, et pressoient leurs parens de les y placer. L’un disoit : « Mon père, je voudrois que vous me fissiez voyager. » Un autre : « Mon père, je voudrois que vous me donnassiez une boutique. » Un troisième : « Mon père, je voudrois faire la commission. » Enfin, tous les enfans qui étoient présens demandoient à faire, les uns une chose, les autres une autre, et leurs pères promettoient de les satisfaire incessamment.

» J’écoutois attentivement tous ces discours, et je portois secrètement envie à ces jeunes gens. Lorsque je fus seul avec mon père, je lui dis : « Vous avez entendu comme tous ces