Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
LES MILLE ET UNE NUITS,

Le calife ayant entendu les plaintes de la vieille, reconnut l’injustice qu’il avoit commise, et lui dit : « Que diriez-vous si j’engageois le calife à faire sortir votre fils de prison, à lui rendre ses biens, à lui donner un emploi plus distingué, et si ce cher fils venoit cette nuit même se jeter dans vos bras ? »

La vieille ne put s’empêcher de sourire à l’idée de revoir son fils ; mais reprenant bientôt sa tristesse, elle dit au calife : « Tais-toi, malheureux, les fanfaronnades ne sont plus ici de saison. Celui dont je te parle à présent n’est pas comme le lieutenant de police qui a peur de toi, et que tu traites comme tu veux. C’est le Commandeur des croyans, le grand Haroun Alraschid dont le nom est respecté de l’Orient à l’Occident, et qui commande à des nombreuses armées. Le moindre esclave de sa cour a plus de puissance que le lieutenant de police. Ne te laisse pas aveugler sur le succès de tes ruses, et par la crainte que tu as inspirée aux gens d’une