Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VIII.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
LES MILLE ET UNE NUITS,

ne veux être pris par les scélérats qui assiègent notre maison. Nous ne sommes que des femmes, et nous ne pouvons te sauver. »

« Ouvrez-moi toujours la porte de la terrasse, dit le calife en riant, afin que je me rende près de vous, et que je voie ce que je dois faire à ces marauds. » « Malheureux, lui dit la vieille, crois-tu que celui qui assiége notre maison ressemble à ce pauvre cadi qui a eu si peur de toi, qu’il a coupé sa robe pour écrire sur-le-champ ton contrat ? Celui qui nous assiége est le lieutenant de police en personne. Crois-tu lui faire faire aussi ce que tu voudras ? » « Ouvrez-moi, vous dis-je, répondit le calife, ou je vais briser la porte. » La vieille monta, et ouvrit la porte de la terrasse.

Le calife étant entré, se mit à côté de son épouse, dit qu’il se sentoit appétit, et demanda à se mettre à table. « Auras-tu bien le cœur de manger, dit la vieille, tandis que ces scélérats peuvent fondre sur nous à tout moment. » « Ne craignez rien, dit le