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LES MILLE ET UNE NUITS,

sidéroit avec complaisance, la vieille parloit ainsi à sa fille : « Qu’allons-nous devenir, et comment nous débarrasser de ces méchans ? Nous sommes des femmes, et nous n’avons que Dieu pour appui. Quel malheureux destin nous a envoyé ce voleur ! Ah, si votre père vivoit… Mais telle est la volonté de Dieu. »

« Ma mère, lui répondit la jeune personne, vous avez beau vous plaindre et m’humilier en traitant ce jeune homme de voleur, puisque Dieu me le donne pour époux, je dois le recevoir de ses mains, et me conformer à ses décrets. » « Dieu veuille, reprit alors la vieille, touchée des sentimens de sa fille, qu’il ne vienne pas cette nuit ; car on le saisiroit, et on lui feroit un mauvais parti à ce pauvre jeune homme ! »

Le calife ayant entendu cette conversation, ramassa par terre une petite pierre de la grosseur d’un pois, la lança adroitement sur la bougie qui étoit devant la jeune personne, et l’éteignit. « Qu’est-ce donc qui fait