Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
371
CONTES ARABES.

mença, et y fournit pendant tout le repas ; mais sur quelque matière qu’il ait pu les mettre, ils y satisfirent avec tant de connoissance, d’esprit, de jugement et de discernement, qu’il en fut dans l’admiration.

« Quand ils seroient mes enfans, disoit-il en lui-même, et qu’avec l’esprit qu’ils ont, je leur eusse donné l’éducation, ils n’en sauroient pas davantage, et ne seroient ni plus habiles, ni mieux instruits. »

Il prit enfin un si grand plaisir dans leur entretien, qu’après avoir demeuré à table plus que de coutume, il passa dans son cabinet, après être sorti, où il s’entretint encore avec eux très-long-temps. Le sultan enfin leur dit :

« Jamais je n’eusse cru qu’il y eût à la campagne des jeunes seigneurs, mes sujets, si bien élevés, si spirituels, et aussi capables. De ma vie je n’ai eu entretien qui m’ait fait plus de plaisir que le vôtre ; mais en voilà assez, il est temps que vous vous délassiez l’esprit par quelque divertis-