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LES MILLE ET UNE NUITS,

la nuit tout ce temps-là : chaque soir en se couchant elle se l’étoit passé autour du cou, et le matin en s’éveillant, elle y avoit porté la main pour éprouver si les grains venoient toujours l’un après l’autre. Le jour enfin, et au moment que le prince Perviz eut la même destinée que le prince Bahman, d’être changé en pierre noire, comme elle tenoit le chapelet à son ordinaire, et qu’elle le disoit, tout-à-coup elle sentit que les grains n’obéissoient plus au mouvement qu’elle leur donnoit, et elle ne douta pas que ce ne fût la marque de la mort certaine du prince son frère. Comme elle avoit déjà pris sa résolution sur le parti qu’elle prendroit au cas que cela arrivât, elle ne perdit pas le temps à donner des marques extérieures de sa douleur. Elle se fit un effort pour la retenir toute en elle-même ; et dès le lendemain, après s’être déguisée en homme, armée et équipée, et qu’elle eut dit à ses gens qu’elle reviendroit dans peu de jours, elle monta à che-